Ensuite,
il y a un autre lama qui est le lama des instructions, le lama des
textes.
le lama
est beaucoup plus que la personne que nous rencontrons |
Une
fois que nous avons reçu les instructions orales, et que
nous les avons retenues nous allons pouvoir commencer à les
mettre en pratique. Nous allons méditer et essayer d'agir
en fonction des instructions reçues, développer l'effort
enthousiaste, la générosité, toutes ces qualités
qui sont sur le chemin spirituel.
Et
puis nous allons arriver à un moment où il va y avoir
des doutes, nous allons nous dire : " mais est-ce
que c'est bien ainsi qu'il me faut comprendre ce qu'il
m'a dit, je ne me souviens pas exactement de ce qu'il
a dit " ; c'est à ce moment que les textes
deviennent utiles. Nous avons de la chance car aujourd'hui
il existe de nombreuses bonnes traductions de textes et d'enseignements.
Il s'agit de choisir quelques textes essentiels, conseillés
par le lama par exemple, quelques textes auxquels nous pouvons nous
référer et c'est en cas de questions, d'interrogations,
de doutes, que nous pourrons les consulter. Nous recevons les instructions
du lama, les mettons en pratique et donc il y a une certaine expérience
qui s'élève. Puis nous la comparons avec les
textes qui sont à notre disposition et dont nous sommes certains
qu'ils sont authentiques. C'est ce qui est appelé
le lama des instructions du bouddha.
Il
est important dans la pratique d'intégrer ces trois
aspects : recevoir les instructions orales, les mettre en pratique
et voir si cela concorde avec ce qui est expliqué dans les
différents enseignements. Il y a, à ce stade, plusieurs
pièges à éviter.
Il
y a tout d'abord le piège du "consommateur de concepts "
C'est quand nous nous disons : " ah ! Je
vais aller voir dans tel livre, il me semble qu'il y a des
informations sur la question que je cherche " et puis
nous commençons à lire, une page, deux, trois pages
et nous allons complètement perdre la question de départ
et nous allons lire et lire. Nous allons être pris de nouveau
par cette forme de séduction dans laquelle l'intellect
avale juste les concepts. Il n'y a pas un défaut à
lire beaucoup pour avoir des informations, mais ici il s'agit
de ne pas se perdre quand nous cherchons la réponse à
une question, de ne pas se perdre par exemple dans les différents
véhicules, les différentes traditions, approches et
écoles, sinon, nous ne nous en sortons plus et nous rentrons
dans un jeu qui est beaucoup plus intellectuel, voire trop, ou alors,
nous sommes séduits par les mots, et particulièrement
aujourd'hui, nous nous perdons facilement dans du vocabulaire
où nous nous laissons facilement séduire par le vocabulaire.
Par
exemple, nous lisons "il faut prendre refuge en les trois joyaux :
le bouddha, le dharma et la sangha ". Oui. Puis nous
lisons un peu plus loin : " il faut se connecter
à l'énergie éveillée, l'éveil,
le chemin et le but ". Ah ! Voilà, ces mots nous
parlent beaucoup plus et nous nous laissons piéger par le
vocabulaire car nous ne prenons pas la peine d'aller au-delà
des mots. Quand nous approchons l'enseignement du bouddha et
le lama sous l'aspect de ces instructions, il faut prendre
le temps de lire et de laisser pénétrer le sens en
nous. Je ne sais pas si l'exemple est très heureux mais
c'est un peu comme quand nous mangeons un chewing-gum. Si nous
mettons juste le chewing-gum en bouche, il n'y a pas grand
chose qui va en sortir ; par contre, si nous le mâchons,
nous allons en avoir la saveur.
Et
il en va de même avec les instructions, il s'agit de
lire une phrase, une citation, une histoire et puis s'arrêter
et la mâcher, la tourner dans tous les sens, y réfléchir
et voir en quoi elle peut être reliée à notre
expérience.
Quand
le bouddha parle de la mort et de l'impermanence, quel écho,
quelle résonance cela a-t-il en moi ? Il dit :
" tout le monde va mourir ", évidemment
tout le monde va mourir et "on ne sait pas quand ",
évidemment nous ne savons pas quand. Bon allez, page suivante !
Et nous passons à autre chose. Mais si nous nous arrêtons
un moment et que nous nous disons "tout le monde va mourir,
ça veut dire que moi aussi je vais mourir et que je ne sais
pas quand et que cela peut effectivement être demain ".
Oui ! Et donc si nous commençons à réfléchir
comme cela, ce qui paraissait une évidence, à savoir
que tout le monde va mourir, devient quelque chose qui a une autre
résonance. C'est ce type de réflexion qui donne
son sens à la pratique.
Par
conséquent, il est important de prendre le temps de digérer
l'enseignement, de le mâcher, de l'intégrer. |
Par
conséquent, il est important de prendre le temps de digérer
l'enseignement, de le mâcher, de l'intégrer.
Il faut étudier comme le faisait les yogis du passé :
ils prennent une instruction et puis ils la mâchent, jusqu'à
en avoir un sens intérieur et à lier l'enseignement
à leur propre expérience ; et ils dépassent
les mots, ils ne se laissent pas séduire par l'apparence
et par le vocabulaire.
Un
autre piège rencontré quand nous approchons le lama
des instructions, c'est le tri. Nous nous disons : "Ah
! Oui, cette instruction n'est pas mal, la mort et l'impermanence
aussi ", nous pouvons le vérifier, " en
plus c'est bien ", puis il commence à parler
de la réincarnation, de la nature de l'esprit et de
sujets comme cela, "ce n'est pas possible "
nous disons-nous et nous passons. Nous trions l'information.
Je ne dis pas qu'il faille tout avaler tout cru et développer
la foi du charbonnier, mais il faut prendre la peine de dépasser
nos limites. Ce n'est pas parce que nous ne croyons pas quelque
chose ou que nous ne le comprenons pas maintenant que ce n'est
pas possible ou que ce n'est pas vrai. Cette lecture-là
demande beaucoup d'humilité.
Le sens
de la pratique spirituelle, c'est de trouver le sens de l'enseignement |
Nous
partons de ce que nous sommes maintenant, et nous sommes limités,
nous sommes dans la confusion, dans les émotions et l'approche
que nous avons du monde, des autres, de l'enseignement et de
nous-mêmes est limitée par ces émotions et cette
confusion. Cela signifie que tout est à découvrir,
qu'il y a des choses que nous ne savons pas et même plus
que cela, cela veut dire que la façon dont nous expérimentons
et comprenons le monde est limitée. Il faut accepter que
ce que je comprends maintenant dans ce qui m'est dit, n'est
qu'une compréhension limitée et que beaucoup
reste à découvrir et demande à mûrir.
D'un côté c'est un peu inconfortable, parce
que nous nous disons que finalement ce que nous comprenons est faux,
nous comprenons de façon erronée et en même
temps c'est extraordinaire, parce que tout reste à découvrir.
Le sens de la pratique spirituelle, c'est de trouver le sens
de l'enseignement, en nous, dans le flux, dans le flou de la
pratique et donc d'accepter ce qui s'élève,
même si nous ne sommes pas d'accord, et que nous ne comprenons
pas, même si tout cela nous semble des inepties, au moins
les accepter et prendre la peine d'y réfléchir
peut nous permettre d'aller plus loin dans notre parcours.
Nous
avons rencontré le lama de la lignée et dans notre
pratique, nous le complétons avec le lama des instructions.
Il y a encore un autre lama que nous allons rencontrer.
Le
lama de la situation et le lama symbolique