Le roi Gésar de Ling ou l'Art du Guerrier

 

Historique, légendaire, spirituel, Gésar de Ling et son royaume de Shambala ouvrent la voie du cheminement et de la transformation intérieure : la voie sacrée du guerrier qui conduit vers la sagesse et la libération.

Déjà connu en Occident grâce aux enseignements de Chögyam Trungpa (1) sur le thème, le symbole du roi Gésar de Ling est plus que jamais d'actualité dans notre monde moderne, chaotique, déchiré par la violence et écartelé par ses contradictions. Dans ce monde aveuglé par l'ignorance et la haine, l'être humain souffre, s'interroge sur le sens de son existence. Il cherche une solution. Le chemin ouvert par Gésar de Ling est l'une des voies privilégiées du bouddhisme tibétain afin que chacun puisse trouver le chemin intérieur de la libération de sa souffrance et de celle de tous les êtres sensibles.

Considéré comme l'émanation guerrière de Padmasambhava venu au Tibet au VIIIe siècle pour y importer le bouddhisme et subjuguer les forces négatives, Gésar est né à Ling dans le Kham (Tibet oriental). Fils du roi Singlen et de Gokza Lhamo, il part en guerre contre les rois démons dans les quatre directions. Sa vie, riche en épisodes, fait l'objet de nombreux chants peu à peu fixés par écrit et qui représentent une abondante littérature populaire. Mais, au-delà de cet aspect historique et populaire, Gésar de Ling incarne l'idéal du bodhisattva sous l'aspect du guerrier spirituel en lutte contre les passions, Guésar de Ling est aussi le protecteur du Dharma invoqué au Tibet et en Mongolie. Il propose une démarche profonde à l'usage de ceux qui sont en recherche du sacré et de la dignité.

Cette démarche est fondée sur l'art du guerrier telles que l'ont incarné les anciennes civilisations de l'Inde, du Tibet, de la Chine, du Japon et de la Corée. Cet art a pour fondement les principes qui nous montrent comment vivre avec courage et joie, sans se détruire et sans détruire les autres.

La quête de la bonté fondamentale

« Le chemin du guerrier ne nous apprend pas la façon de devenir puissant ou brave tel qu'on l'entend au sens ordinaire du mot guerrier. Il nous apprend la bravoure qui consiste à avoir le courage de nous affronter nous-même. Ce qui doit être conquis dans cette guerre, ce ne sont pas des royaumes physiques ou géographique mais notre ennemi : l'ignorance. L'éveil du guerrier ne va pas à l'encontre de la vie. Au contraire, il la rehausse, il l'éveille en lui donnant une touche de beauté, de grâce de dignité » ( 2) c'est ainsi que Gyétrul Jigmé Rinpotché, présentait la voie du guerrier à Marseille au cours d'un week-end d'enseignements organisé par l'association Padma Ling de Marseille. De son côté, Dilgo Khyentsé Rinpotché précise au cours de l'un de ses enseignements en Dordogne en 1990 : « Ici, le combat du guerrier ne doit pas être pris comme une lutte extérieure animée par l'attachement et l'aversion, mais comme une volonté de vaincre sans retour les poisons qui affligent la plupart des êtres : désir, haine, obscurité mentale, orgueil, jalousie et peur ». (3)

Pour découvrir en soi cette bonté fondamentale, s'ouvrir à soi-même, pour retrouver l'authenticité, la joie de vivre l'ouverture et la douceur, pour enfin apprendre à cultiver la tendresse envers nous-même, il faut sortir de notre cocon. Cet attachement au cocon si douillet, c'est la peur : « ce qu'il y a à conquérir ici » explique Gyétrul Jigmé Rinpotché « c'est la peur de nous même. Cette peur liée à l'ignorance, c'est cela qui nous a transformé en lâche, le chemin du guerrier nous donne le courage de faire face à cette peur et de la dépasser ». Dans le cocon du lâche, il n'y a aucune dignité, aucune lumière, le soleil n'y pénètre pas. On n'y trouve aucune beauté. Ce cocon au sein duquel on est à la recherche d'un sentiment de sécurité, fait penser à une grenouille persuadée que le monde se limite aux murs du puits dans lequel elle se trouve et qui ne peut imaginer l'immensité de la mer. La voie du guerrier intérieur, c'est l'opposé de la lâcheté, de cette lâcheté qui consiste à nous enfoncer dans notre cocon pour y perpétuer nos processus habituels, constamment occupés que nous sommes à reproduire nos schémas et nos conduites de pensée. « Le lâche prend refuge dans une arme, un pistolet en se croyant un guerrier, le véritable guerrier prend refuge dans sa propre bonté, il n'est ni arrogant, ni agressif. Il est doux, ouvert et pourtant ferme et solide. Doux comme le calme de la mer, ouvert comme le ciel, ferme et solide comme la montagne. Nous devons sortir du cocon et nous aventurer dans l'espace. » (Gyétrul Jigmé Rinpotché).

Un lien avec le monde sacré

Mais, pour nous engager dans ce combat, nous avons besoin d'aide. De l'aide de Gésar de Ling et du monde sâcré auquel il est lié. Gésar est en effet le chef des dieux guerriers, les dralhas, et des assemblées de déités, les thermas. Il est aussi le maître du cheval du souffle qui orne tous les drapeaux de prière. Véritables guerriers cosmiques, les dralhas sont les gardiens de tout ce qui est bon dans l'univers, de toute beauté, grâce et dignité. Les invoquer, c'est invoquer notre propre bonté, développer la dimension sacrée qui est en nous, développer aussi notre beauté physique, verbale et mentale Pour cela, il nous faut invoquer ces guerriers cosmiques et le werma, ce guerrier éveillé représenté par Gésar qui incarne douceur, compassion et sagesse. Au cours de la retraite de juillet, Leurs Eminences Namkha Drime Rabjam Rinpotché et Gyétrul Jigmé Rinpotché donneront les enseignements et l'initiation nous permettant d'aborder ce chemin sacré du guerrier intérieur.

o Michèle Beran

(1) Shambhala, La voie sacrée du guerrier - Chögyam Trungpa Collection Points Sagesse

 

Voici le chemin du guerrier présenté aux hommes et aux femmes contemporains dans leur recherche de la maîtrise de soi et d'une plus vaste réalisation. Formulant le chemin du guerrier en termes modernes, Trungpa examine des sujets tels que la synchronisation corps/esprit, le dépassement des comportements routiniers, la relaxation issue de la discipline, une ouverture au monde dénuée de peur, et la découverte de la dimension sacrée de la vie quotidienne. Surtout, il montre qu'en découvrant la bonté fondamentale de l'existence humaine, le guerrier apprend à extérioriser cette dimension positive au profit de la tranquillité et de la santé du plus grand nombre. Les enseignements de Shambhala - qui tiennent leur nom d'un royaume himalayen légendaire où règnent la prospérité et le bonheur - mettent donc l'accent sur le potentiel de conduite éclairée inhérent à chaque être humain.

(2) L'enregistrement de cet enseignement est en vente (60 euros les 7 CD, port compris -écrire à Padma Ling Marseille - BP 16 -13484 Marseille- cedex 20 )

(3) Dompteur de démons et Maître du Cheval de souffle qui orne tous les drapeaux de prière, Gésar de Ling porte l'armure et le casque blanc planté de petits drapeaux chevauchant le coursier Kyang Go Karkar.

 

 Sommaire - Les Enseignements - Les Enseignants