S'entraîner
à la vigilance
Nous nous habituerons progressivement à prendre du recul sans éviter la situation. Par exemple, si nous vivons de la joie sans la vigilance, nous allons juste être emportée par elle ; il en ira de même pour la tristesse ou le découragement. Sans la présence, les émotions nous emportent. Par contre, avec la vigilance, les émotions ne nous piégerons plus, nous les vivrons tout en voyant le fonctionnement de l'esprit. Pour le moment, la mise en pratique d'une telle instruction est difficile. Il faut la garder à l'esprit, et s'y essayer mais sans y mettre de force ni de volonté. Si nous nous disons : "il faut développer la vigilance sinon ça ne marchera pas ! ", nous ne pourrons jamais la mettre en ouvre car il y aura trop de tension. Il ne faut pas non plus être naïf et se dire : "Puisque le lama l'a dit, je le fais" et agir sans réflexion, sans approfondissement. Même si nous n'avons pas tout compris de ces instructions, même si elles nous semblent difficiles à mettre en ouvre, il nous faut essayer de les pratiquer. C'est quand nous pratiquons qu'une expérience peut prendre place, une expérience qui est la nôtre, née de notre compréhension de l'enseignement et de sa mise en pratique. Progressivement, le regard sera plus précis, l'esprit plus clair et nous reconnaîtrons les émotions sans qu'elles nous piègent. Vigilance et clarté Nous sommes toujours le centre de nos préoccupations, nous sommes le plus important dans toutes les situations que nous rencontrons, tous les aspects de la vie. C'est cette importance donnée à "moi je" qui est la cause de nos difficultés. La saisie égoïste nous empêche d'avoir le recul nécessaire pour ne pas se faire piéger par les émotions. Voici un exemple tout simple : Imaginons que je me casse le bras, ce qui est particulièrement douloureux. Si je me dis : "Il n'y a pas de problème, tout est illusoire, le Bouddha l'a dit ! " Cela ne va rien changer ni soigner, la souffrance sera toujours présente. Par contre, lorsque je me fais soigner, je réfléchis un peu et j'essaie de discerner la perception que j'ai de mon bras, de la douleur, de l'esprit qui l'expérimente, je me rendrai compte alors que je ne suis pas que mon bras et je me demanderai où et comment j'expérimente la douleur. Si je développe une telle vigilance, j'aborderai la souffrance différemment. Cela ne soignera ni ne dissoudra la souffrance mais cela me permettra d'avoir une vision autre, plus claire de ce que j'expérimente. Sinon l'expérience reste confuse, sans clarté ni compréhension. Il nous faut nous entraîner à ce regard conscient en toute circonstance ; voir les émotions et notre façon d'y réagir. Nous sommes de toute façon obligés de faire face aux situations, alors autant les utiliser pour développer la vigilance et la clarté. Nous avons souvent tendance à nous dire : " ce n'est pas grave, quoi qu'il arrive, ça doit arriver et puis voilà". Cette forme d'indifférence ne mène qu'à plus de confusion et d'insatisfaction. Comme nous ne voulons pas rencontrer la souffrance, le remède est de développer la vigilance. Plus nous allons nous y entraîner, plus elle se développera pour devenir naturelle. Chacun d'entre nous a cette capacité. Le développement de l'attention consciente au quotidien, nous permet de comprendre le sens du dharma de l'intérieur.
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