la lignée Kagyu par Lama Yeshe

Le dharma, l'enseignement du Bouddha est d'abord et avant toute chose la transmission d'une expérience vivante et humaine qui se communique de maître à disciple depuis l'époque du Bouddha Shakyamouni.
Particulièrement dans le Vajrayana, le mode de transmission est initiatique. Cela signifie que les enseignements tantriques ne sont pas, dans un premier temps, exposés sous forme humaine comme c'est le cas pour les enseignements du soutra. Tous les tantras ont pour origine le Bouddha Shakyamouni sous la forme du sambhogakaya.
Généralement le Bouddha enseigne en prenant l'aspect de la divinité principale dont il révèle le mandala. Ceci se passe dans les terres pures ou au sommet du Mont Mérou, et la transmission est reçue par les vidyadhara qui sont des bodhisattvas au delà de la huitième terre, qui apparaissent eux aussi sous une forme subtile dans ces mondes purs.

La transmission est la bénédiction même de la divinité sous la forme de l'initiation ou de la transmission de pouvoir

L'origine de la transmission est donc le bouddha ultime, le dharmakaya, le mode de transmission originel étant le sambhogakaya. Ensuite, ces bodhisattvas introduisent ces différent tantras dans le monde relatif humain, en se manifestant sous une forme grossière - le nirmanakaya. Tel est le mode général de la transmission.

C'est cela qui se perpétue de maître réalisé à disciple. La transmission est la bénédiction même de la

divinité sous la forme de l'initiation ou de la transmission de pouvoir ouang en tibétain ; le pouvoir de réalisation de la divinité est reçu par les maîtres de la lignée et transmis de maître à disciple, puis d'un être humain à d'autres disciples qui peuvent le recevoir.

Ceci est le principe ininterrompu des transmissions. C'est ce qu'on appelle la transmission des instructions sur un mode relatif. Dans la lignée Kagyupa, il y a un autre mode de transmission qu'on appelle la transmission ultime. Celui-ci remonte à Tilopa qui, lorsqu'il a pratiqué en retraite pendant douze ans, a eu la réalisation du dharmakaya : il a pu réellement se rendre dans les terres du dharmakaya, les terres pures d'Ogmine. Il a rencontré le Bouddha primordial Dordjé Tchang, le dharmakaya lui-même ; il en a reçu l'ensemble de la transmission, au niveau des initiations et des instructions orales. Il a ensuite poursuivi cette transmission ultime au travers d'une succession de disciples dont le premier fut Naropa, qui était lui-même un érudit éminent, détenteur de transmissions du mahayana.
Naropa était le gardien de la porte Nord de l'université de Nalanda. Il abandonna son érudition et toutes les formes d'orgueil liées à sa position pour chercher la réalisation ultime et la transmission. C'est pour cela qu'il se mit en quête d'un maître, qui se révéla être Tilopa. Il accepta de subir les douze épreuves ; en servant le maître sous toutes les formes, il réjouit Tilopa et se montra un disciple entièrement capable de recevoir la totalité de cette transmission.

La transmission ultime a pour particularité d'être la transmission des bénédictions et des réalisations. On la reçoit par la dévotion et l'ouverture totale au maître spirituel. Ce n'est pas quelque chose qui peut être transmis par des livres, de manière formelle, mais uniquement d'esprit à esprit, symboliquement à travers l'attitude du maître et la perception pure du disciple. Certains le voient comme un bouddha et ne varient jamais dans leur perception, quelles que soient les circonstances. Or Naropa a eu cette qualité au cours de ses épreuves et, du fait de sa pratique, a été capable de recevoir directement une transmission de prophéties concernant l'avenir de la lignée, disant qu'il aurait lui-même un disciple extraordinaire, Marpa. Et que ce dernier aurait un disciple encore plus extraordinaire en la personne de Milarépa. Et, à chaque fois, les disciples successifs ont toujours montré la même dévotion, la même abnégation, la même confiance absolue envers le maître. Ils se sont révélés être des réceptacles dignes de recevoir la totalité de la transmission ultime, celle des réalisations et de la bénédiction.