En
agissant comme le Bouddha, on abandonne toute idée d'autosatisfaction,
toute forme d'intérêt personnel pour se consacrer totalement au bienfait
d'autrui. Les circonstances positives, les succès ou la réputation dont on jouit, tout cela est offert au bénéfice
d'autrui ; quand se présentent des défaites, des problèmes ou des
obstacles, on prend sur soi l'ensemble des difficultés. On abandonne toute
attitude négative, se consacrant totalement par le corps, la parole et
l'esprit à l'activité positive qui accomplit le bienfait des êtres. On est
certain ainsi de réaliser la parfaite nature de Bouddha. Dans le cas
contraire, on demeure immature et ignorant, continuant d'agir sous
l'influence égocentrique, tout en ignorant les possibilités d'action en
faveur des autres: notre unique préoccupation est de devenir plus grand,
plus riche et plus puissant, de chercher à préserver notre réputation,
tout en pensant que c'est aux autres d'endurer les difficultés qui se
manifestent et en tirant à soi les situations agréables et les succès. On abandonne alors toute intention
d'accomplir le bienfait des autres, notre unique préoccupation étant la
protection de nos avantages, et nous n'hésitons pas à blesser autrui ou à
lui nuire pour satisfaire nos intérêts. Une telle attitude ne fait que
recréer les causes qui entretiennent le cycle des existences et ses
souffrances. Nous devrions toujours nous interroger sur ce qui se passe dans notre esprit et être capables de sonder notre motivation en toutes circonstances. Sommes-nous vraiment animés de l'intention de venir en aide aux êtres ou n'avons nous pas, au contraire, une attitude nuisible à leur égard ? Il est important de s'interroger de cette manière, sinon nous risquons de nous abuser, croyant avoir une attitude d'esprit positive et pensant agir de manière bénéfique, alors que tel n'est pas le cas, que notre état d'esprit est négatif, égoïste et sans considération réelle pour autrui. Développer une investigation honnête et véritable de l'état de notre esprit s'impose donc. En observant ce qui se passe quand nous ne pensons qu'à nous même et que nous agissons pour notre propre bénéfice, nous nous apercevons que nos actions entretiennent et renforcent la fixation égocentrique, qui est sans valeur puisqu'elle est responsable de notre errance dans le cycle des existences. Si notre activité n'a d'autre but que de renforcer et d'entretenir cette fixation, elle ne fait que maintenir la souffrance. C'est pourquoi il est très important de développer en soi la ferme intention de détruire la saisie égocentrique. Pour ce faire, on consacre complètement son corps, sa parole et son esprit à l'accomplissement du bienfait des êtres ; on essaie de renoncer à toute forme d'autosatisfaction et de ne jamais nuire à autrui. Il
est fondamental d'examiner soigneusement son esprit et de sans cesse se
demander si l'on souhaite sincèrement aider les autres ou si l'on essaye
de leur nuire. De cette manière, dès qu'on reconnaît une tendance
négative, on peut immédiatement agir sur elle, éviter de la mettre en
pratique et développer une motivation altruiste de plus en plus stable.
Mais si l'on essaie d'accomplir le bienfait d'autrui en conservant un état
d'esprit négatif, cette tentative est vouée à l'échec car l'intention
d'agir pour le bien des êtres, dans ce cas, alimente le souhait égoïste
d'obtenir des avantages pour soi même uniquement. C'est pourquoi il est
fondamental de libérer l'esprit de toutes les tendances négatives qui
l'entravent afin de développer la qualité d'amour
bienveillant. |